[LIBRE] City of blinding Lights

Le soleil entra timidement par la fenêtre, balayant la pièce de sa lumière encore blaffarde. Camilla se tourna, les yeux clos, la mine renfrognée. Elle plaqua l'extrémité de son traversin sur son visage endormi avant de se résigner à ouvrir les paupières. Elle fixa son armoire un long moment avant de s'allonger sur le dos, les membres engourdis, limite amorphe.
Elle s'affubla d'une robe de chambre en soie et glissa ses pieds dans des pantouffles de laine avant de gagner la salle à manger. Une assiette de panecakes à la banane, une coupelle de fraise et des donuts l'attendaient déjà à côté d'une tasse de chocolat chaud encore fumante. Le doux parfum de fruits frais embaumait la maison. Assis en face d'elle, Jared lisait le journal, sa tasse de café aux lèvres. Elle lui déposa un baiser sur la joue avant de prendre place.
- Les nouvelles sont bonnes ? demanda-t-elle.
Un hochement de tête évasif lui répondit. Il n'était pas du matin, tout comme elle. L'absence d'Isalÿs dans la pièce n'était que la première pièce nécessaire à sa bonne humeur. Un puzzle relativement bref duquel résultait l'ambiance à venir pour la journée.

Le verdict fut plutôt bon. Le petit-déjeuner fut délicieux et Isalÿs ne se présenta pas. La salle de bain était chaude et accueillante, Camilla avait pu y prendre un bain avec déléctation. Elle adorait les lames de bois qui habillaient les murs et le parquet chaud qui accueillait ses pieds. Elle prit note de faire de même dans sa demeure personnelle, encore en travaux. Une récente acquisition qui lui avait coûté la coquette somme de deux millions quatre cent mille dollars. Mais la villa, ou plutôt le manoir, elle ne savait pas trop, en valait largement la peine. Et malgré des lieux habitables, propres et chaleureux, Camilla s'évertuait à dépenser le prix d'une deuxième maison bien plus modeste en travaux et en décoration. Le montant total de la demeure et du chantier s'élevait à trois millions de dollars. Au lieu de dormir dans sa maison, Camilla continuait à vivre chez JJ. Elle avait détesté se reveiller sans personne pour la servir ni pour lui tenir compagnie. Alors en attendant de se trouver une horde de serviteurs...

Camilla enfila un petit haut moulant et une jupe plutôt chic avant d'enfiler une paire de lunettes Versace et de monter dans la Lamborghini de Jared. Le chauffeur ganté de blanc la conduisit à la grande place, dans le centre ville. Elle y fit les boutiques durant tout l'après midi, n'emportant avec elle qu'un minuscule sac contenant un ensemble Victoria Secret ainsi qu'une nuisette de la même marque. Tous ses autres achats seraient emmenés dans sa nouvelle villa dans l'après-midi même.
Il était aux alentours de vingt heures. Des milliers de lumières éclairaient la place de leurs ombres mouvantes et de leurs jeux de contrastes. Les touristes et les New-Yorkais s'agglutinaient sur les trottoires et s'engouffraient dans divers immeubles, cafés ou restaurant. Camilla opta plutôt pour vendeur ambulant de sandwichs, mais s'aperçut au moment de régler sa commande qu'il lui manquait vingt-cinq cents. Le commerçant refusant les chèques et les cartes de crédit, et son estomac criant famine, Camilla n'eut d'autre choix que de quémander auprès de la personne qui se tenait près d'elle, ne regardant pas s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
- Excusez-moi, vous n'auriez pas une pièce s'il vous plaît ?

Depuis tôt dans la matinée, Katarina s'était mise à chercher du travail, cherchant là où il y avait des affiches demandant des employés. Elle avait même rechercher dans les journaux. Évidemment, il y avait pas mal d'endroit l'on demandait des employés. D'ailleurs, il y en avait tellement, de la boite de nuit au vendeur de "hot-dog" en passant par la boutique de vêtements.

À la fin de la journée, il ne lui restait en main que trois CV sur vingt ce qui voulait dire qu'elle en avait déposé à dix-sept endroit différent au courant de la matinée et l'après-midi. Dix-sept endroits, dix-sept poignées de mains et bien plus d'une cinquantaine de sourires. Pourtant, elle n'avait pas reçu aucun appel, sa boite de message était vide. Fixant le petit écran de son portable, la jeune femme poussa un soupir. Il lui fallait vraiment trouver un travail rapidement. Cela faisait maintenant deux semaines qu'elle était arrivée à New York et bientôt, elle ne pourrait plus payer la chambre qu'elle occupait. Et puis, il était hors de question qu'elle appelle son oncle pour qu'il lui envoie de l'argent. Si jamais elle lui disait à quel point elle se débrouillait mal, il lui demanderait de revenir et viendrais même la chercher s'il le fallait. Non, c'était exclu.

Laissant tomber sur un banc, elle regardait les boutiques de l'autre côté de la rue, posant plus précisément son regard sur une boutique de vêtements où une jeune femme aux cheveux d'un blond vénitien habillait un mannequin blanc de vêtements tous plus chic les uns que les autres. Katarina l'enviait, elle aurait aimé être à sa place. Même si l'idée de travailler ne la réjouissait pas tant que ça. À quelque mètres de la vitrine, elle aperçu un vendeur ambulant et se rendit vite compte qu'elle avait faim, elle n'avait rien avaler depuis le déjeuner. Traversant entre les voitures immobiles dans la rue, coincées dans la circulation, elle se retrouva bien rapidement sur le trottoir, dépassant une magnifique lamborghini devant laquelle elle ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux. Kat avait toujours eu un coup de coeur pour les voitures.

Puis, dans la file d'attente, elle attendait que la femme devant elle passe sa commande, tenant dans sa main pâle un sac Victoria Secret. Cette dernière se tourna vers Katarina, lui demandant un pièce. Évidemment, c'était celle qui venait de faire du shopping qui avait besoin d'argent.

"La charité pour les riches, c'est ça ?" Murmura-t-elle, presque inaudible.

Retenant un soupir, elle releva la tête vers l'inconnue, vers le visage pâle de la jeune femme d'une beauté intolérable. Cette pâleur, cette beauté, elle avait vu cela toute sa vie mais... pas depuis son arrivée à New York. Clignant rapidement des yeux, elle fronça légèrement les soucils avant de tendre un dollars à la présumée vampire. Le vendeur s'adressa alors à Kat :

"Et pour vous, ce sera quoi ?"

Hésitante et encore surprise de l'être qui se trouvait devant elle, elle ne répondit d'abord rien puis déclara finalement qu'elle allait prendre un "hot-dog' et un café. Étrange mélange certes mais elle avait besoin de caféine, la fatigue commençait à la rattraper bien trop tôt. De nouveau, son regard se posa sur l'inconnue.

Peu enthousiaste, une main charitable se tendit tout de même vers Camilla, déposant dans sa paume un billet froissé de 1 dollar. Avant de faire à nouveau face au vendeur, Camilla détailla la jeune femme qui lui avait tendu l'argent. Elle était assez grande, très mince. Presque maigre, à vrai dire. De longs cheveux d'un blond platine outrageux lui tombaient sous la poitrine, encadrant son visage pâle d'un halo lumineux. Elle était vraiment jolie, le genre de fille aux allure un peu paumées qui s'avèrent être les plus spéciales. Camilla allait ranger son porte-monnaie lorsqu'elle vit au fond de son sac un billet de cinquante dollars coincé entre son blush et un miroir à main. Un immense sourire illumina son visage. Dans un élan de bonté, la jeune femme retourna son billet à la blonde afin de tendre le sien au vendeur.
- Ajoutez un cappuccino à ma commande, et donnez à la jeune fille tout ce qu'elle voudra. Faites-vous plaisir, ajouta-t-elle à l'adresse de l'adolescente.
Camilla ajusta son sac Louis Vuitton sur son épaule, récupéra son hot dog et son cappuccino avant de tourner les talons, ignorant le vendeur qui allait lui tendre sa monnaie. Que l'adolescente se fasse plaisir, deux ou trois kilos ne pouvaient vraiment pas lui faire de mal. Le reste, que le vendeur le garde et se paie un nouveau pull bien moins crade. Ou qu'il le donne à la jeune fille blonde. Il était fort possible que l'argent lui manque, vu le mal que lui avait causé ce don. Mais en même temps, même avec toute la mauvaise volonté du monde, Camilla ne pouvait l'en blâmer. Demander l'aumone quand on se paie des maisons à trois millions sur un simple coup de tête, c'était l'hopital qui se foutait de la charité. Rechigner à donner cette aumone mais la tendre tout de même, c'était vraiment d'une gentillesse extrême.

Camilla arpenta la place, frappant le sol avec ses Prada, détournant des hommes de leur petite amie, attirant regards et jalousie. Mais ce genre de phénomène était monnaie courante depuis sa transformation, le vampire préférait mille fois observer les lumières clignotant dans les imeubles, les réverbères illuminant le monde de leur simple ampoule, la foule en mouvement constant. Elle aurait parfois aimé stopper le monde ne serait-ce qu'une seconde afin d'en observer les couleurs et de s'en imprégner indéfiniment. Cela était malheureusement impossible. Elle se contenta seulement de grimper dans la Lamborghini garée le long d'une avenue et de s'y installer confortablement. Georges, le chauffeur, allait démarrer lorsqu'elle lui ordonna de stationner encore un moment. Elle avala une bouchée de son hot dog, ses Versace sur le nez (parfaitement inutiles étant donné que la nuit tombait sur New-York ), observant l'adolescente du coin de l'oeil.

La jeune femme allait quitter le stand de hot dog, se dirigeant vers un but invisible. Camilla annonça à Georges de la suivre et de s'arrêter à son niveau dès que possible. C'était un peu comme un rêve de petite fille qui se réalisait, déclarer à un chauffeur "Suivez cette voiture". Une voiture, une personne, le résultat était le même : c'était une filature dans les deux sens !
L'adolescente allait quitter la grande place lorsque Georges, enfreignant tout code de la route, grilla un feu, passa sur un passage pièton bondé et s'approcha très près d'elle.
- Je ne vous en demande pas autant, Georges. Vous devez la suivre, pas assassiner la moitié de New York ! pesta Camilla.
Georges ralentit, grimançant suite aux réprimandes reçues de Camilla. Il dépassa la jeune fille que voulait suivre sa patronne, la narguant presque de la richesse extérieure qu'il avait le loisir d'exhiber dans tout New York avant de regagner son appartement minable de Brooklyn.
- Ralentis, ordonna Camilla.
Georges lui obéit, elle pressa le bouton permettant de descendre la vitre. La blonde continuait son avancée, ignorant presque Camilla. Sans réellement savoir ce qu'elle voulait en faire, sachant qu'elle ne nourrissait aucune mauvaise intention à son égard, Miss Delompré déclara d'une voix égale :
- Monte.
Ce n'était pas un ordre, bien que la proposition sonna tout comme. Mais Camilla avait l'étrange impression de devoir entrer en contact avec cette fille.

-Ajoutez un cappuccino à ma commande, et donnez à la jeune fille tout ce qu'elle voudra. Faites-vous plaisir.

Surprise, il fallu un moment à Katarina pour ranger le billet de 1 dollars dans la poche arrière de son jeans noir. Pourquoi tant de gentillesse ? Tout simplement parce qu'elle avait voulu lui donner un seul dollar ? Néanmoins, il lui en coûtait d'accepter cette gentillesse, cette pitié peut-être. Oui, la jeune fille était pour le moins orgeuilleuse, ce qui était d'ailleurs la raison principale pour laquelle elle refusait d'appeler son oncle Tristan au secours. Apprendre à se débrouiller seule n'était pas chose facile pour elle qui n'avait jamais eu à le faire. Chaque fois, il y avait son oncle ou sa nounou pour lui venir en aide. Pourtant, elle se faisait un point d'honneur à se débrouiller seule.

Prenant le hot-dog et le café, elle elle refusa toutefois de prendre la monnaie de cette femme qui avait maintenant disparu. Ce n'était pas son argent et une nouvelle fois, c'était de l'orgeuil. Secouant légèrement la tête, elle se mit à avançer sur le trottoir, prenant une bouchée de son hot-dog avec joie. Même si ce n'était pas réellement son met favori, il était bon de manger après une si longue journée. Donc, ce hot-dog lui sembla délicieux. Le trajet vers le motel dans lequel elle vivait provisoirement allait sans doute lui prendre un moment, ce qui expliquait ses pas rapides. Elle tardait de pouvoir retirer ses chaussures qui lui faisait mal aux pieds après un après-midi entier à marcher. Tournant le coin d'une rue, elle entendit un moteur rugir derrière elle. Biensûr, ce n'était pas le son d'une simple voiture, c'était surêment la lamborghini qu'elle avait vue plus tôt parce qu'il y avait peu de chose comparable au ronronnement de cette bagnole.

Puis, la voiture se trouva bientôt à son côté, avançant lentement alors que celle qu'elle croyait être une immortelle s'adressa à elle, lui intimant de monter...ou lui ordonnant peut-être. Peu importe, cette sombre beauté l'invitait à monter. Le devait-elle toutefois ? N'était-ce pas dangereux de côtoyer les buveurs de sang ? Oui, mais il lui était difficile de refuser et ce, malgré le fait que la femme la voulait peut-être comme repas...

C'est sans hésiter qu'elle monta dans la voiture, le regard fixé sur l'inconnue.

-Merci. Dit-elle doucement en adressant un sourire timide à la jeune femme.

Katarina lui était reconnaissante, autant pour la nourriture que son invitation. Jamais elle n'avait eu l'occasion de monter dans une lamborghini, dans une mercedes et même une ferrari mais pas une lamborghini. Et elle adorait cela. Par contre, une question lui trottait dans la tête : Qui êtes-vous ?" et aussi "Pourquoi ?"

-Je m'appelle Katarina, et vous, quel est votre nom ?

Demanda la jolie blonde, sa main frêle tendu vers la jeune femme. Elle lui demanderait le seconde question bien assez tôt mais il était plus poli de se présenter d'abord. Rapidement, elle jeta un coup d'oeil à l'homme qui l'observait depuis le rétroviseur. Un humain, il n'y avait aucun doute la dessus. La différence entre lui et la femme lui parut maintenant évidente. Ou plutôt, la différence entre elle et le reste de la population lui était évidente. Mais bon, il fallait tout de même qu'elle s'en assure...mais pas maintenant. Avec de la chance, elle aurait le temps de lui poser la question un peu plus tard.

La voiture rutilante s'arrêta net, enfreignant toute règle de la circulation. La jeune femme blonde monta à son bord, les yeux écarquillés et papillonant de çà de là. Il n'y avait qu'une seule catégorie de personne pour agir ainsi, ou peut-être même deux : les pauvres et les passionés. Pourtant, même face au manque apparent de luxe et de millions dans la vie de l'adolescente, Camilla ne pouvait se résoudre au premier choix. La blondinette devait être le genre de fille anciennement gâtée, devenue rebelle et aventurière. Cela se voyait à ses cheveux peroxydés et ses vêtements XL, mille fois trop grands pour son petit corps frêle, toutefois dans un courant de mode assez populaire.
Camilla la détaillait ainsi, imperceptiblement, par de simples oeillades lancées de droite à gauche et de haut en bas. Peu à peu rassurée, semblant se mettre en confiance, elle osa même se présenter, ôtant les questions de la bouche de Camilla. Et cette dernière adorait les prises d'initiatives pertinentes. Lorsque la question des présentations lui fut retournée, la belle Immortelle fit lentement glisser ses lunettes de soleil afin de les déposer dans son Louis Vuitton.
- Camilla Lucia Delompré, lâcha-t-elle laconiquement.
Elle observa avec un léger dédain la main tendue vers elle avant de la serrer, ajoutant un large sourire à cette cérémonie. Les vitres teintées accentuaient l'intimité créee à l'arrière de la Lamborghini, formant un moment propice à la demande que Camilla observait à l'égard de sa convive, Katarina. Mais elle ne comptait pas lui en parler immédiatement. Elle avait le temps. Tout son temps.
- Tu es descendue dans quel hotel ?
Camilla coula un regard vers la vitre à sa gauche, regardant le paysage se dérober sur leur passage. Puis elle reporta son attention vers Katarina, qui lui parla d'un motel à quelques kilomètres. Camilla ne le connaissait que par sa mauvaise réputation de chambres bas de gammes, abordables par le premier sans abri venu, à la limite du repère de prosituées. Loin d'être le lieu idéal pour de petites vacances à New York, surtout pour une jeune fille à l'apparence si fragile.
- C'est assez minable, ce serait désobligeant de ma part de te laisser dans un tel trou. Georges, continuez un peu notre ballade, puis vous ferez demi-tour afin de vous rendre à l'adresse indiquée par Katarina. Vous récupérerez ses affaires avant de nous ramener chez moi. Cela te convient-il, Katarina ? Oh, désolée, tu permets que je te tutois ?
Camilla espérait ne pas effrayer sa convive, ne serait-ce que par cette première proposition assez directe, peut-être inconvenante, ni par ses regards plongeants et pénétrants. Car après tout, elle ne nourrissait aucune mauvaise intention à l'encontre de Katarina. Il était clair qu'elle espérait bien protéger cette petite humaine sympathique, paraissant un peu paumée dans cette ville bien trop immense pour elle. Car après tout, Katarina savait-elle à qui elle avait à faire ? Avait-elle eu vent des noirs desseins émis à l'encontre des humains ? Mieux valait pour elle qu'elle se joigne à la descendente de Jared Jay Hope. Il était très certainement plus sûr de servir un vampire que de vouloir en combattre un. Après tout, lequel des deux clans était immortel ?

-Camilla Lucia Delompré.

Lui répondit la jeune femme de sa voix envoûtante. Camilla Lucia Delompré. Ce nom lui semlba très beau, elle le répéta quelques fois dans sa tête, non pas afin de se le rappeler mais plutôt afin d'entendre la mélodie qui s'en échappait. Un nouveau sourire fendit ses lèvres lorsqu'elle lui serra la main, non sans avoir d'abord observer cette dernière d'un air dédaigneux, ce qui avait forcer Kat à vérifier rapidement si ses mains étaient propres. Tou lui semblait bien, mis à part peut-être son vernis à ongle noir qui s'écaillait.

Puis, elle lui demanda à quel hôtel elle avait descendue, ce que Katarina ne tarda pas à lui révéler. Lorsque Camilla lui répondit que c'était assez minable, la jeune femme ne put retenir de rire parce que c'était bien vrai. Cet hôtel n'avait absolument rien de luxueux, il ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait pu connaitre jusqu'à maintenant. C'était plutôt miteux comme endroit mais elle n'avait pas vraiment eut le choix de s'y installer. Les mots "Tu permets que je te tutois ?" l'étonnèrement grandement, ce n'était pas sa plus grande préoccupation à l'instant. Lâchant un rire timide, elle lui répondit :

-Que vous me tutoyer me semble bien peu à côté de votre proposition. Mais oui, je veux bien que vous me totuyer si je puis le faire également. Et votre offre est vraiment très aimable.

Sur ce, elle s'arrêta afin de réfléchir, se demandant si c'était une bonne idée. Mais après tout, si cette jolie Camilla lui avait voulu du mal, elle aurait passer à l'attaque depuis longtemps déjà. Sans doute ne lui voulait-elle aucun mal. Et puis, ce ne serait pas la première fois qu'elle vivrait avec un vampire ! Mais une petite part d'elle-même la poussait à décliner cette proposition mais ce n'était que de l'orgeuil, orgeuil qu'elle devait absolument repousser à cet instant. Une pareille chance ne se présenterait pas deux fois.

-J'accepte ton offre Camilla. Comment puis-je te remercier ? Je vois la chance que tu m'offre, c'est très généreux. Mais d'abord, j'aimerais savoir...si tu es vraiment ce que je crois que tu es. Ne t'inquiète pas, je ne partirai pas en courant. Je suis habituée de fréquenter tes semblables.

N'en révélant pas d'avantage, elle se contenta de sourire à l'immortelle. De toute façon, cette dernière ne devait pas connaitre son oncle à moins d'avoir vécu en Italie il y a quelques années et de l'avoir rencontrer par hasard. Mais bon, il y avait peu de chance.

Katarina trahissait une certaine gêne dans ses paroles, ses mouvements. Elle observait Camilla par de petits regards furtifs, à l'encontre des oeillades insistantes et pénétrantes que lui lançaient le vampire, autant qu'elle avait tendance à inspecter discrètement le soin de son apparence, chose que Camilla considérait perpétuellement pour déjà acquis. Toutefois, elle ne manquait pas de cran et de personnalité, ce qui confortait la jeune héritière dans la justesse de son choix : L'adolescente était un élèment suffisament interessant pour conserver la vie. Elle se demandait aussi si elle pourrait en obtenir quelques services, comme un rôle d'employée de maison, ou si la demeure Delompré ne serait qu'une étape agréable du séjour de se nouvelle protégée. Peu importait, Camilla avait besoin d'un peu de compagnie et elle pressentait trouver un certain amusement en la personne de Katarina.
Le soleil déclinait au loin, teintant le ciel d'une nuance orangée alors que la nuit enveloppait les gratte-ciels. La belle brune jeta un bref coup d'oeil vers son sac de shopping griffé Victoria Secret, et se demanda si les livreurs auraient déjà portés le reste de ses affaires dans sa nouvelle maison. Les ouvriers avaient sûrement du finir leur journée, elle espérait que la maison serait présentable. Il était hors de question d'emmener son invitée chez Jared, il aurait volontiers sauté sur sa silhouette longiforme et sa petite bouille juvénile portant pourtant les marques d'un caractère bien trempé.
Georges s'engouffra dans un quartier plutôt mal famé, aux boutiques taguées et aux déchets flottant le long des trottoirs, portés par le vent comme de simples feuilles. La voiture rutilante n'était pas de toute discrétion. Puis il tourna au coin d'une rue dont Camilla ne vit pas le numéro, et il se gara le long d'un hotel à la façade noircie.
Pendant ce temps, Katarina accepta la proposition du tutoiement et en lança un mutuel, ce qui fit sourire Camilla : "Sa protégée" était enfin en confiance, elle allait pouvoir ralentir son observation. Elle accepta de ce même sourire éblouissant, dévoilant deux rangées de dents parfaites, accentuant le tout d'un infime hochement de tête.
Katarina avait accepté son offre, mais la voilà qui brisait la connivence qui venait de s'installer. Comment... Comment pouvait-elle être au courant du secret du vampire ? Comment une humaine, jeune, fragile et innocente pouvait-elle savoir ?
Malgré le sourire complice qu'affichait l'adolescente, Camilla ne put s'empêcher de réagir autrement. Elle se figea, son sourire se crispa et ses traits se tendirent. Elle ne sut pas que répondre, et afin de faire face à toute éventualité, gardant l'espoir d'une étrange quiproquo, Camilla lui demanda le plus naturellement possible :
- Mais enfin, de quoi parles-tu ?
Et elle radoucit son sourire, ouvrant les rideaux sur une magnifique scène de théâtre improvisée, qu'elle devait planifier en quelques secondes seulement, dont chaque réplique allait devoir être appréhendée, interceptée et détournée.
A toi de jouer, Camilla...

-Mais enfin, de quoi parles-tu ?

Apparemment, Camilla ne voulait pas lui révéler la vérité. Rien de plus normal. Se cacher, feindre l'humanité... c'était là le lot de tous les vampires. Il faudrait sans doute plus d'efforts de la part de Katarina pour obtenir la vérité. Néanmoins, elle ne comptait pas abandonner. Que devait-elle faire ? Lui dire qu'elle avait été élever par un vampire, qu'elle en avait fréquenter un ou plutôt qu'elle en avait aimé un. Non, elle ne pouvait décemment pas insister de la sorte à ce sujet, au risque que Camilla ne change d'avis à propos de son invitation. Donc, elle devait jouer le même jeu que la vampire. Cependant, la jeune femme savait bien qu'elle avait raison, le visage crispé de son intertlocutrice en disait long mais Katarina ne fit semblant de rien, conservant le même sourire que plus tôt.

Puis, elle parti d'un rire alors que le visage pâle de Camilla se radoucit.

-J'entends par là les gens fortunés ! Mon oncle possédait un grand manoir et beaucoup de billets. Désolée, j'aurais dû mieux m'exprimer. Ce que je voulais dire c'est que j'ai toujours été entourée de gens riches...je sais bien que ça ne parait pas mais...

Elle s'arrêta, laissant échapper un nouveau rire plus discret que le dernier. Remarquant que la voiture s'était arrêter devant l'hôtel, Katarina intima à la vampire de l'attendre, le temps d'aller chercher ses affaires. Elle se rendit donc rapidement à sa chambre, prit tout ce qu'elle avait -deux valises- et se rendit à la réception afin de rendre les clés de sa chambre. Pendant ce temps, elle continuais à chercher une façon de convaincre Camilla de lui dire la vérité quant à sa nature. Puis, elle se pressa de retourner dans la lamborghini, non sans avoir demander au chauffeur de mettre ses bagages dans le coffre. Elle n'avait garder dans ses mains qu'un cadre en argent où était placé une photo d'elle et de son oncle.

-Regarde, c'est lui mon oncle. Nous vivions en Italie.

D'un sourire amical, elle jeta un coup d'oeil à Camilla, tentant de voir si cette dernière aurait une réaction à la vue de cet homme pâle qui se trouvait à côté de l'humaine qu'était Katarina sur la photo.

Katarina venait de remonter dans la voiture. Ses mots résonnaient encore dans la tête de Camilla, lui tourmentant l'esprit et embuant ses pensées : l'adolescente savait-elle quoi que ce soit à propos de l'autre monde ?
Il était clair que Katarina jouait un jeu, qu'elle mentait aussi facilement qu'elle respirait. Mais pas aussi bien. En menteuse aguérie, il était quasi impossible de berner la jeune héritière aussi aisément. Et elle comptait bien découvrir ce qui se traimait dans la tête de son invitée. Avait-elle entendue parler des éternels et souhaitait-elle en devenir une ? Dans cette hypothèse, elle était bien mal tombée, il était hors de question que Camilla la transforme. Ou peut-être était-elle simplement une humaine comme le fut Millie, petite fille entourée d'un monde magique. Lequel de ses parents serait alors un vampire ?
MAIS BON SANG ! que cherchait-elle ?

Camilla instaura une distance de sécurité, frontière imaginaire la séparant de l'esprit de Katarina, déconnectant le lien de complicité qui s'était crée. Elle préférait ne prendre aucun risque, et son recul soudain ne serait pas perceptible pour la blondinette. En attendant, elle pourrait réfléchir au mensonge de Katarina, car il était certain que sa mystérieuse phrase ne concernait aucunement les gens fortunés. D'autant plus que Camilla était parfaitement consciente de son statut social, et que Katarina était suffisament intelligente pour ne pas faire l'erreur de mentionner sa fortune comme un acquis pour sa propre vie. Cela aurait mis Camilla mal à l'aise, et ce fut d'ailleurs le cas même en sachant que c'était une excuse.

C'est alors que Katarina dévoila un cadre argenté où tronait une photo plutôt récente. On y voyait la jeune femme, la taille enroulée dans le bras d'un homme entre quarante et cinquante ans. Il avait un teint de cendres, et malgré un âge dont Camilla était sûre qu'il était avancé, son visage n'était pas beaucoup creusé par les rides. Le visage fermé, les yeux noirs, il avait cet air étrange qu'ont les italiens, un air assuré, conquérant, qui ne faisait aucun doute sur ses origines. Katarina ne tarda pas à confirmer ce qu'elle savait déjà, en expliquant qu'il s'agissait de son oncle avec qui elle vivait en Italie. Que faisait-elle donc en Amérique, désormais, loin du luxe que lui avait visiblement offert l'homme (ou sa famille) là bas, dans le bassin méditerranéen ? Il fallait que Camilla lui pose la question, mais pas tout de suite, elle se sentait observée par son invitée. Pas comme si celle-ci attendait une réponse, mais plutôt une réaction. Ce pourquoi Camilla fixa un moment la photo, détaillant les vêtements griffés, les lieux, l'oncle, avant de tourner la tête vers la fenêtre, arborant volontairement une moue dubitative.

La voiture entrait dans la longue allée menant à la nouvelle demeure de Camilla. Bordée d'arbres, la route de terre sinuait entre divers morceaux de verdure. La toiture de la villa pointait peu à peu vers le ciel, éventrant la cime des arbres, dévoilant ensuite le reste de sa structure. L'aile est surplombait le parc, bordée par un chemin de promenade. A l'ouest, la seconde extrémité de la maison, comportant bibliothèques, salles de loisir, de musique et de cinéma, se dissimulait parmi les feuillages de l'autre côté du parc. Katarina semblait avoir oublié le temps de quelques secondes qu'elle attendait une réponse de son hôte, quelque chose, une phrase, un mot, histoire de briser le silence que Camilla maintenait avec une satisfaction intense.

Lorsque Georges gara la Lamborghini devant le porshe, Camilla s'excusa du piètre état de la maison.
- C'est encore en travaux, expliqua-t-elle. Il doit y avoir du désordre de partout, je n'ai pas encore trouvé de domestiques. Je dois d'abord attendre que les ouvriers soient définitivement partis.
Elle enfonçait une clef dans la serrure de l'immense porte d'entrée tout en parlant. Des mots, mais toujours pas ceux que Katarina devait attendre. Elle fit entrer son invitée, lui intimant de ne pas s'en faire pour les bagages, elles seraient montées par Georges.
- Ne t'inquiète pas, les chambres ont été la première partie de la maison rénovée. Tu seras tranquille. Par contre, je n'ai pas pour habitude de demander à Georges de défaire les bagages de mes invités : c'est mal venu de fouiller dans les affaires des autres. Cela ne te dérange pas j'espère ?
Elle emmena Katarina dans le grand salon, après avoir traversé l'antichambre. Elle l'invita à s'asseoir sur le sofa et se dirigea vers le bar où elle prépara deux malibu ananas.
- Tu bois de l'alcool au moins ? Sinon j'ai des sodas, si tu préfères.
Toujours encombrée du cadre photo, Katarina restait plantée au milieu de la pièce, les yeux papillonant de çà de là. En effet, la maison était belle, luxueuse, même magnifique. Mais Katarina était habituée au luxe, l'effet de surprise ne tarderait pas à passer.

(HS : désolée pour la mauvaise qualité du post)